L’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) lance un cri du cœur contre le modèle actuel de recours aux agences de remplacement en pharmacie communautaire, qui engendre de graves problèmes dans tout le réseau québécois. À l’image de la problématique vécue avec les infirmières dans le milieu hospitalier, la situation en pharmacie est devenue criante et pourrait, si elle persiste, mettre en péril le développement des services cliniques en première ligne.
C’est pour sensibiliser toutes les parties prenantes à l’ampleur de la situation sur le terrain que l’AQPP a décrété une journée sans recours aux agences de remplacement en pharmacie communautaire.
Au fil des dernières années, la rareté de main-d’œuvre a amené les pharmaciens à recourir à des agences de remplacement pour combler des besoins ponctuels. Toutefois, la situation est devenue chronique alors que le nombre de pharmaciens qui choisissent de rejoindre une agence de remplacement plutôt que de s’investir dans un milieu s’est accru. Les salaires demandés ont explosé et les exigences en termes de conditions de travail sont devenues extrêmement difficiles à concilier avec les équipes déjà en place. Cette situation nuit aux activités des pharmacies et limite leur capacité à répondre aux besoins croissants de la population et du système de santé.
D’ailleurs, l’Association des bannières et des chaînes de pharmacies du Québec (ABCPQ) et ses membres (Accès pharma chez Walmart, Brunet, Familiprix, Horizon Santé, Jean Coutu, les pharmacies Grégoire Arakelian dans les entrepôts Costco, Pharmaprix, Proxim, et Uniprix) ont décidé de joindre leur voix à celle de l’AQPP pour faire part de leurs préoccupations en lien avec la pénurie de pharmaciens et les enjeux liés à la pharmacie de remplacement, soulignant l’urgence d’agir et d’adopter des solutions.
En 2024, c’est 1 million d’heures de remplacement qui ont été effectuées en pharmacie et l’on craint que ce nombre n’augmente de manière exponentielle si rien n’est fait. « Cette situation ne favorise pas le développement de services cliniques. Ce sont des pharmaciens qui changent de milieu constamment. Une équipe stable peut mieux cerner les besoins des patients, notamment en termes de prise en charge des maladies chroniques et de prévention. Comme ce fut le cas en milieu hospitalier, cette main-d’œuvre d’agence refuse souvent de travailler le soir et les fins de semaine, quand les patients ont pourtant besoin d’accès à leurs médicaments à toute heure du jour. Alors que les besoins du système de santé ne font qu’augmenter et que le gouvernement se tourne de plus en plus vers les pharmacies, on ne peut pas se permettre de fragiliser davantage le réseau des pharmacies communautaires », conclut M. Morin.
Impacts régionaux majeurs
Actuellement le taux de postes vacants en pharmacie communautaire est à 12 %, comparativement à 3 % pour le Québec, tous secteurs confondus. Le manque de main-d’œuvre est réel, mais il est accentué artificiellement par le nombre croissant de pharmaciens qui font du remplacement plutôt que de s’investir dans un milieu.
Les pharmaciens qui choisissent de travailler en pharmacie communautaire ont le souhait de s’investir auprès de leurs patients et de développer leur rôle clinique en première ligne de soins, à la hauteur de leurs compétences. La cohésion qui se développe au sein d’une équipe stable permet également d’améliorer la productivité et ainsi d’en faire plus pour les patients.
À propos de l’AQPP
L’Association québécoise des pharmaciens propriétaires, constituée en vertu de la Loi sur les syndicats professionnels, est la seule association qui représente les pharmaciens propriétaires du Québec auprès des organismes officiels et du gouvernement. Elle regroupe les 2 100 pharmaciens propriétaires des 1 900 pharmacies du Québec, qu’ils soient affiliés ou non à une chaîne ou à une bannière commerciale. Employant près de 49 000 personnes partout dans la province, la pharmacie communautaire constitue l’un des plus importants employeurs privés du Québec. Plus d’un million de consultations sont effectuées en pharmacie chaque semaine, ce qui fait du pharmacien l’un des professionnels de la santé les plus disponibles et appréciés au Québec.