Sloan Lucas brise les tabous de l’industrie musicale avec « Dommage »

Crédit photo : Hawjin Jami

À l’heure où les commentateurs du monde entier se demandent si l’intelligence artificielle est en voie de remplacer les artistes, Sloan Lucas ne se fait pas prier pour donner son avis : « Aucune idée originale, toujours les mêmes quatre thèmes/ S’ils se font remplacer par l’AI, ça sera pas une grande perte ». Cette phrase, extraite du titre Sixième sens, incarne parfaitement l’attitude d’honnêteté radicale qui traverse son premier album, Dommage.

Moins intéressée à se faire des amis qu’à fracasser le mur de non-dits qui enveloppe l’industrie musicale, la rappeuse indépendante montréalaise propose 10 morceaux à teneur élevée en attitude, mais qui échappent au piège du moralisme. On comprend très vite, dès l’introduction, qu’il ne s’agira pas d’un TED talk sur les vices de notre époque, mais plutôt  d’un point de vue subjectif, à la fois offensif et moqueur, qui nous entraîne à travers les hauts et les bas de la création en solo, hors des sentiers battus. Cette posture solitaire, à la fois subie et assumée au début du projet, est graduellement transformée par la présence des autres, que ce soit par leur posture d’auditeurs (dans la pièce électro-pop Bons textes bon flow, composée d’extraits de commentaires du public reçus lors de son passage aux Francouvertes en 2023) ou de collaborateurs (notamment deux rappeurs invités, gabWan et Niagara Jenkins), pour culminer sur le dernier morceau, Je pense qu’on va perdre, une hymne aux combats qui semblent perdus d’avance et à ceux et celles qui les portent.

Solitaire, donc, mais pas tout à fait seule, l’artiste trentenaire a fait appel à différents musiciens pour composer les trames instrumentales : principalement GLOCE (Damien Le simon), qui a aussi enregistré et mixé le projet, mais aussi d’autres producers, notamment Figure8, avec qui elle avait déjà collaboré sur le single Paie ta pub en janvier dernier, L’aube, musicien et compositeur qui l’accompagne sur scène en tant que DJ, ainsi que Astro et Jaiseea, membres du collectif playdays et collaborateurs de Malko. 

En pleine possession de ses moyens sur les rythmes à l’ancienne, parfaits pour les rimes multi syllabiques qu’elle manie avec agilité, elle s’amuse tout autant sur les ambiances plus hostiles ou les territoires plus mélodieux, comme sur Un dernier, vers d’oreille sur fond de cannabis et d’oisiveté, ou encore l’introspectif Rocky IV, morceau choisi comme focus track, et pour lequel un vidéoclip sortira en même temps que l’album. Celui-ci, tourné à la campagne, de nuit, et où elle est seule devant la caméra, vient faire contrepoint au visuel du premier extrait (OH GAWD, sorti le 6 septembre dernier) qui se déroulait dans un décor urbain de jour, avec la présence de complices à l’écran.

Le concert de lancement aura lieu le 21 novembre, à L’hémisphère gauche.

À PROPOS DE SLOAN LUCAS

Le rap de Sloan Lucas frappe comme un nunchaku, sans laisser prédire sa cible. Elle livre des textes à la fois crus et sensibles, sans faux-fuyants. Habitée par un certain dégoût de l’époque mais réticente à plonger toute entière dans le nihilisme, l’artiste montréalaise fait exploser les carcans inutiles, en attendant de trouver une meilleure idée. 

À l’aise sur les tempos boombap comme sur les productions sombres ou mélodieuses, elle trace sa propre voie, à son rythme. Son plus récent EP, Oh shit sorry (2022), a été nominé au dernier GAMIQ 2023 dans la catégorie ‘Meilleur EP ou album rap’. Dommage est son premier album.

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